Tribune Libre / Opinion
L’actualité économique du mois de janvier en ce début d’année 2019 aura cristallisé notre attention sur deux(02) faits majeurs : (i) La controverse sur le « Vrai-Faux » scandale de fraude fiscale du principal distributeur de poisson au Cameroun et, (ii) La controverse/ scandale autour d’une marque de riz importé « présenté » impropre à la consommation.
La première observation à faire est fort bien curieuse tant les débats forts nourris en ont fait couler beaucoup d’encre et de salive au point d’en laisser quelques séquelles émotions (des recours en justice et des démissions au sein des corporations) est que, dans un cas comme dans l’autre, l’enjeu porte sur les produits alimentaires. Autrement dit, les camerounais se battent pour la nourriture !
Soit le premier stade de la pyramide de Maslow à savoir les besoins physiologiques. L’encyclopédie des sciences dit que ces derniers sont des besoins directement liés à la survie de l’individu ou de l’espèce (manger, boire, se vêtir, se reproduire, dormir…). La question peut donc être posée de savoir comment on en est arrivé là ?
La seconde observation, moins anecdotique est qu’au-delà des polémiques, c’est le modèle économique camerounais qui exprime par ces faits, ces limites et son caractère extraverti, et donc nocif pour notre processus de développement et ses ambitions vers l’émergence.
En effet, le Cameroun est fortement dépendant des importations des biens alimentaires notamment céréales et des poissons avec des dépenses d’importations qui se sont chiffrées à 1 276 milliards de FCFA au cours de la période 2015-2017. Parmi les céréales, les importations de riz restent importantes et connaissent une tendance haussière. Cette dépendance s’accroit avec son urbanisation rapide et constitue un enjeu réel pour la sécurité alimentaire nationale. Un certain nombre d’initiatives visant à augmenter la production nationale et à diminuer la dépendance trop forte vis-à-vis des importations ont été prises depuis la crise dite « émeutes de la faim » de 2008, dans un des pays africains affectés dont le Cameroun.
Examinons rapidement les faits et faisons une petite analyse sommaire à trois(03) niveaux : (i) au niveau microéconomique, (ii) au niveau mésoéconomie et (iii) au niveau macroéconomique.
Au niveau microéconomique.
Le marché des importations et de distribution du poisson au Cameroun se caractérise par un quasi-monopole. Une seule entreprise particulière est créditée de xx% de part de marché. Plus grave encore, il s’agit d’un monopole privé. Et n’étant pas là pour faire du social ou de la philanthropie, la théorie d’économie élémentaire des anticipations rationnelles commande qu’elle optimise ses bénéfices. Elle ferait donc tout ce qui est bon tan conserver cette position. D’où sa réaction énergique pour polir son image quelque peu mise à mal par cette surexposition médiatique face aux « accusations » de la CONAC. Elle a par conséquent forcément mobilisé des ressources importantes de toute nature restaurer une image propre auprès de l’opinion nationale et internationale. Son positionnement face à la concurrence annoncée des nigérian et chinois venant comme une menace en plus pour briser cette hégémonie et annoncer la fin du monopole quand on considère le poids financier des investisseurs annoncés, à l’instar du Nigerian Dangote, première fortune africaine d’après FORBES.
Mais Pour le Cameroun, ce n’est pas la bonne solution jusque-là. Car toujours dépendant des importations, qui entrainent toujours une saignée des devises, ce qui qui ne redresse pas notre balance commerciale, structurellement déficitaire du fait notamment de ces 02 produits.
La demande du riz au Cameroun connait une évolution exponentielle
Le riz est la première céréale en termes d’alimentation humaine et constitue l’aliment de base de près de 50% de la population mondiale, avec une consommation annuelle par personne supérieure à 100 kg dans de nombreux pays d’Asie et les pays d’Afrique subsaharienne.
Cependant, son marché est très étroit. En 2015 par exemple, seul 9,5% de la production mondiale a été commercialisé. Bien plus, la quasi-totalité de la production du riz est consommée dans les pays producteurs. Il en découle donc que l’Asie qui est le producteur mondial de 90% du riz, consomme également la quasi-totalité de sa production. En conséquence, le prix du riz a connu augmentation et est même devenu volatile.
Dans les ménages camerounais, les habitudes de consommation ont sensiblement changé notamment les ménages urbains. La part du riz dans l’alimentation des ménages continue à croitre avec la croissance démographique et la concentration urbaine. Le taux croissance démographique relativement élevée et estimée à 2,6% depuis 3e RGPH de 2005 et le d’urbanisation estimé à 48,8 %. Ce dernier est aujourd’hui projeté à environ 53% .
Ainsi la demande nationale est passée à 390 000 tonnes en 2009 à environ 600 000 tonnes en 2017 essentiellement couvertes par des importations. D’après la dernière enquête de consommation auprès des ménages (ECAM 4, 2014), la dépense de consommation moyenne de riz par tête d’habitant au Cameroun en 2014 était de 7 709 FCFA en moyenne nationale. Selon la même enquête, les subventions de l’Etat pour soutenir le prix aux consommateurs de ce produit dit de première nécessité profitent jusque-là plus aux ménages non-pauvres. Ce qui est contraire à l’effet escompté !
Les polémiques et débats locaux.
Sur le poisson, on parle de fraude fiscale. Soit ! Mais pour notre réflexion, ce ne sera pas l’objet. Ce qui nous intéresse ici, c’est la source du débat. Le fait déclencheur comme dirait les juristes.
A l’observation, et comme dit plus haut, il faut reconnaitre que c’est la position ultra dominante de l’entreprise concernée sur le marché qui est le fait déclencheur. A elle seule, cette entreprise revendique près de 85% du marché du poisson au Cameroun sur les 10 dernières années. Et tout ce poisson distribué sur le marché est totalement importé. Aucune production nationale ne rentre dans le circuit de distribution de cet opérateur. C’est donc la nature de l’activité qui la met en position quasi monopolistique, et donc en théorie, capable de peser face aux services de l’administration fiscale. Techniquement et sur un plan purement rationnel, cela s’explique et peut se comprendre. On parle de « bargaining power »! La question à se poser est donc de savoir comment en est-on arrivé là et comment cela peut-il durer sans créer des « collusions d’intérêts » dans les transactions ? Humainement, cela devrait arriver un jour ou l’autre, mais dans quelle proportion et de quelle ampleur ?
Tout ce débat n’aurait pas eu lieu si le poisson distribué était produit localement. On n’aurait pas eu des éléments ou des soupçons d’éléments de fraude douanière. On serait peut-être sur le champ de l’impôts sur le revenu (IR) ou sur les sociétés (IS) . Or dans ce cas, la fiscalité est toute aménagée !
Dans le cas du riz, c’est la qualité qui est « incriminé ». Comme dans le cas précédent, au-delà du débat, c’est l’origine du problème qui se trouve être le fait d’importé du riz. C’est ici la notion de traçabilité et de la norme du produit qui sont l’autre face de la pièce de monnaie. Le riz distribué aurait-il été d’origine nationale (SEMRY, NDOP ) que le débat n’aurait pas eu lieu. Tout le monde pouvant retracer la qualité du produit dès la semence, à la sortie du champ, en passant par l’étale de commerce, jusqu’à la table du consommateur. Eliminons donc le mal à la racine et évitons de dépenser autant d’énergie et de nous faire autant.
Dans les 02 cas, la diversification de l’économie inscrite dans le cadre de la transformation de l’économie d’un pays induit par ricochet la diversification des acteurs, pour éviter des monopoles face auxquels, même l’état peut fléchir sous la menace de troubles à l’ordre public en cas de rupture d’activité du monopoleur. Il n’est pas bon pour un Gouvernement d’entretenir de pareilles situations à risque.
Au plan méso économique.
Sur le poisson. Il est évident de reconnaitre qu’un secteur en quasi-monopole et fragile et vulnérable. Pour une raison ou pour une autre, une occurrence sur l’entreprise en monopole impacte sur le secteur, et cela va forcément avoir des répercussions sur l’ensemble de l’économie. Et quand cela concerne en plus des produits alimentaires classées comme produits de première nécessité, C’est cela être vulnérable du fait d’une capacité de nuisance du fait de la sensibilité de son activité sur la vie quotidienne des populations.
Dans le cas du riz. Le retrait de l’opérateur « mis en cause » du principal syndicat du patronat et les déclarations diffusées dans la presse en guise d’explication ont une autre suscité un autre niveau de lecture d’analyse. Sans revenir sur le contenu relatif à la guerre de positionnement et de entre les mastodontes du secteur agroalimentaire au Cameroun,, la conséquence première que nous décelons est la fragilisation du patronat qui perd un poids lourd dans des conditions de dénonciation. Or ce regroupement patronat commençait à asseoir sa crédibilité en tant que structure de référence et partenaire privilégié du gouvernement dans les débats et de politique économique du pays. En témoigne sa présence dans les délégations du Chef de l’Etat lors des visites officielles à l’étranger à caractère économique et l’audience à lui accordé par le Gouvernement et les PTFs pour entendre sa voix sur les questions économiques d’actualité. Cette cassure dans la cohésion de la représentation du secteur privé ne rend pas service à ce dernier. Et ce service est encore moins rendu au climat des affaires en mal de performance par des notations fort défavorables des agences internationales dans le but pouvant améliorer le ranking de notre pays, pour son attractivité.
Au plan macroéconomique
Le poisson et le riz, parmi les premiers postes d’importations du Cameroun selon l’Institut National de la Statistique (INS). Ils représentent sur les 03 dernières années près de 1000 (mille) milliards de FCFA sortis de devises du pays et sont donc les premières causes du déficit chronique de la balance commerciale. Autrement dit, le Cameroun s’appauvrit chaque année pour importer la nourriture de manière structurelle.
Par ces faits, le Cameroun se présente comme un pays vulnérable sur le plan de sa sécurité alimentaire, car son équilibre dépend de l’extérieur pour son approvisionnement et crée un exode massif de devises, nécessaire pour sa stabilité monétaire et financière. On ne peut donc pas affirmer que notre pays a atteint ou est capable de garantir sa sécurité alimentaire de manière irréversible. Or aucun pays ne peut être émergent s’il n’assure sa sécurité alimentaire à moyen et long terme, i.e. de manière structurelle.
Importations de main d’œuvre
C’est connu et évident pour le lecteur ordinaire de comprendre que des biens de consommation directe ont été produits à l’extérieur, et donc que cela a nécessité d’utiliser une main d’œuvre locale dans le pays d’origine. Le produit importé comporte donc une quantité de main d’œuvre dans le prix que nous payons. Or ce sont ces emplois que nous voulons créer ici au Cameroun. 500 mille attendus en 2019 selon le PRC.
Le cas du poisson. Ce sont des pêcheurs et des aquaculteurs/pisciculteurs, des techniciens du conditionnement, de la conservation, du négoce et du transport avec tous les autres employés des services annexes à l’étranger qui sont mobilisés et facturés pour être payés avec notre argent. Et si cela avait été produit localement, des emplois nouveaux devraient être crées et généreraient des revenus substantiels. Ces derniers seraient rentrés dans le circuit économique local pour créer la croissance et réduire la pauvreté. C’est cela que l’on appelle la transformation structurelle d’une économie.
Le cas du riz. Ce sont des Thaïlandais et autres asiatiques qui en profitent et améliorent ainsi leur balance commerciale. Quel que soit le niveau des salaires (décrié par les occidentaux), ce sont des paysans et autres travailleurs agricoles et ceux de la chaine de commercialisation du riz qui en profitent.
A l’origine, était 2008 avec les émeutes de la faim et les exonérations fiscales. Où en est-on rendu 10 ans plus tard en 2018 ?
La crise financière de 2008 qui a entrainé la hausse spectaculaire des prix du riz sur le marché mondial a été une belle démonstration de la vulnérabilité du Cameroun fortement dépendant des importations. En effet, en 2008, durant la crise financière, l’Inde, deuxième pays producteur de riz au monde a interdit les exportations de riz pour protéger son marché intérieur. Cette mesure a été l’un des facteurs qui ont propulsé les cours mondiaux de la tonne du riz au triple, ce qui a provoqué des protestations des consommateurs contre le riz trop cher dans les pays importateurs comme Haïti, le Sénégal et le Cameroun.
Jusque-là, certaines politiques mises en œuvre par les principaux pays exportateurs peuvent accroître la vulnérabilité des pays africains. C’est notamment le cas du gouvernement thaïlandais, qui occupait le premier rang mondial des exportateurs depuis plus de 30 ans, qui a adopté une politique de soutien à son agriculture. La politique a consisté à la fois à garantir un marché interne à ses producteurs et accroitre le niveau des stocks stratégiques. Le gouvernement thaïlandais a ainsi procédé à l’achat de riz à une fois et demie le prix du marché mondial, ce qui a eu des conséquences sur les quantités exportées (FAO, 2013). Quel que soit le contexte, ces mesures limitent temporairement les exportations de ces grands pays producteurs au détriment des pays importateurs.
Cette instabilité du marché du riz est une réalité que le Gouvernement camerounais avait intégrée dans sa stratégie nationale agricole et alimentaire afin de diminuer sa vulnérabilité alimentaire et économique. Ainsi, après les émeutes de faim 2008, une ordonnance du président de la République, avait suspendu les droits et taxes de douane à l’importation de certains produits de première nécessité. Dans la liste des denrées concernées, figuraient le poisson congelé et du riz. A l’époque, l’objectif recherché était de mettre à la disposition du peuple camerounais les aliments de consommation de masse aux consommateurs tout en maintenant les prix à des niveaux acceptables par tous : c’étaient des mesures de court terme dans le cadre de la politique gouvernementale de lutte contre la vie chère. Or à l’observation, ces mesures de cours termes sont devenues des objectifs de moyen et long termes et contribuent au gonflement des dépenses fiscales. Une des principales causes du déficit budgétaire constaté ces derniers temps.
Ces mesures de défiscalisation pour le riz par exemple ont plutôt malheureusement servi les intérêts de certains opérateurs économiques de la filière et non ceux des consommateurs. D’après les statistiques douanières, 820 000 tonnes de riz ont été importées au Cameroun en 2013 pour un besoin de consommation nationale environ de 540 000 tonnes et une production locale de 190 000 tonnes ». Soit un excédent de 470 000 tonnes, réexportées en contrebande par petites vagues vers les pays voisins notamment le Nigéria.
Le cas du Sénégal.
Jusqu’en 2007, le Sénégal importait 72% de ses besoins en riz. Au lendemain des émeutes de la faim de 2008, le pays, qui a mis sur pieds un Programme national d’autosuffisance en riz (PNAR), qui entre dans le cadre de l’axe 1 du Plan Sénégal Emergent (PSE). Entre 2014 et 2016, Le PNAR a fait passer la production nationale de riz de 559 021 tonnes à 950 779 tonnes, soit une augmentation de l’ordre de 41 % en deux ans, pendant que les importations ont chuté entre 2015 et 2016, de 989 549 tonnes à 891.068 tonnes, soit une baisse de 11%. Afin de consolider la sécurité alimentaire de sa population, le Sénégal vient de procéder à la révision de PNAR en portant l’objectif de production nationale de riz blanc à 1.080.000 tonnes, soit 1.600.000 tonnes de paddy à l’horizon 2018 en envisage des exportations nettes dès 2020 !
Dans le cas du Cameroun, des mesures de moyen et de long terme qui ont été prises par les autorités publiques dans le cadre de la stratégie nationale de développement de la riziculture au Cameroun depuis 2009, ont visé un objectif de production nationale de 65 000 tonnes en 2008 à 627 250 tonnes de riz blanchi en 2018, afin de satisfaire la demande locale et commencer à constituer des stocks de sécurité.
Les études menées dans le cadre d’élaboration de cette stratégie ont révélé que le Cameroun recèle d’importantes potentialités de développement de la riziculture qui méritent d’être mieux exploitées. La culture du riz est pratiquée dans presque toutes les régions du Cameroun. Les régions de l’Extrême Nord et du Nord-Ouest pratiquent essentiellement la riziculture irriguée, et les autres régions du pays présentent d’importantes potentialités notamment en terres arables (les plaines alluviales et les bas-fonds), de nombreux cours d’eau et en zones de mangroves.
En 2017, la production locale riz est estimée à 340 000 tonnes pour une demande estimée 600 000 tonnes, bien qu’en augmentation, mais elle ne correspond qu’à environ la moitié des objectifs fixés dans la stratégie nationale de développement de riz.
En ce qui concerne le poisson. Le réseau hydrographique du Cameroun est suffisamment dense avec en plus une façade maritime importante ouvrant sur l’océan atlantique. Par ailleurs, les récents barrages construits dans le cadre des projets de première génération du DSCE offrent une autre grande opportunité de développement de la pêche dans les eaux intérieures. Le plus important ici étant la promotion de la consommation du poisson des eaux territoriales ou continentales.
En conclusion, et face à cette situation, la promotion (à défaut d’une instauration) du patriotisme économique nous parait comme la seule option à court terme pour modifier la structure déficitaire de la balance commerciale.
De quoi s’agit-il ?
L « patriotisme économique » se définit comme un comportement des consommateurs, des entreprises et des pouvoirs publics qui, dans un contexte de mondialisation de l’économie, cherchent à favoriser les biens et services produits dans leur pays. Il est fondé sur le concept de la légitime défense économique. On peut aussi parler de préférence nationale pour satisfaire la demande nationale, à travers l’investissement et la consommation.
Dans ses origines, il a visé 03 objectifs à savoir (i) créer un protectionnisme éducateur, (ii) renforcer le sentiment d’appartenance nationale et (iii) instaurer un état développeur et catalyseur d’énergie. La finalité étant non seulement de rendre le pays puissant, mais aussi et surtout de générer un excèdent dans la balance commerciale.
En langage simple, il s’agit de protéger les intérêts économiques des nationaux et du pays à l’instar du gouvernement américain du Président Donald TRUMP qui proclame : America first !
Pour être réaliste, il n’est pas superflu de comprendre que le système économique mondial et la globalisation ambiante ne sont pas un long fleuve tranquille, cela reste un panier à crabes et une jungle. Tant que des mesures de protection de l’environnement et des normes sociales ne seront pas adoptées par l’ensemble des États de la planète, ce qui reste une utopie, le patriotisme économique sera indispensable pour les acteurs, notamment les États et les entreprises.
Dans les deux cas en présence, il s’agit essentiellement de rendre disponible l’offre de poisson par une production locale, ce qui est fort réalisable au vu du fort potentiel hydrographique du pays et des avancées technologiques en matière de pisciculture/aquaculture. Il est bon de rappeler ici que beaucoup de pays africains de l’hinterland consomment en majorité des poissons des eaux intérieures (Mali, Burundi, Ethiopie, etc.). C’est par un acte politique que ce genre de décisions se prend. Cela fera raller, mais les populations finiront par ‘habituer.
Le même modèle de décision peut se prendre dans le cas du riz et des pâtes alimentaires. Le potentiel de production et/ou de substitution du riz est exceptionnel. Il faut passer à l’action pour le transformer en réalité, en faisant en occurrence la promotion de la consommation d’autres féculents en substitution du riz : la banane, le manioc, la pomme de terre, les patates, etc. et toutes les dérivées.
Le réinvestissement des bénéfices. Une seconde mesure d’ordre régalien et relevant de l’autorité gouvernementale est l’obligation de réinvestissement des bénéfices.
De par le monde, les Etats qui militent pour la promotion de l’emploi utilisent cette disposition. Les entreprises bénéficiant de certaines facilités ou mesures d’accompagnement se voient soumises à une obligation de réinvestir localement une partie des bénéfices pour développer l’emploi local. Dans le cas du poisson ci-dessus évoquée, cette entreprise qui bénéficie d’un quasi-monopole devrait pouvoir investir une partie de ses bénéfices pour développer le secteur de la pêche maritime et/ou continentale d’une part et soutenir le développement de la pisciculture ou aquaculture d’autre part. Pour ce cette entreprise ou pour toutes les autres entreprises qui font des bénéfices sur le territoire camerounais, c’est à l’Etat de l’exiger !
C’est un pari gagnant-gagnant. L’Etat y gagne en créant des emplois locaux et en réduisant son déficit commercial entre autres, et l’entreprise sort du statut très précaire d’importateur pour celui de producteur et de créateur de richesses, plus confortable et plus valorisant. C’est aussi cela une autre facette du patriotisme économique./-
Barnabé Okouda
Last modified: 17 septembre 2019