Barnabé Okouda, le directeur exécutif du Centre d’analyses et de recherche sur les politiques économiques et sociales (Camercap), think tank apparenté au gouvernement camerounais, vient de publier une analyse sur la mise en œuvre, le 1er janvier 2020, de la 2e phase de la Vision Cameroun émergent en 2035.
Selon M. Okouda, le calendrier électoral annoncé sur la période allant du 11 novembre 2019 au 10 mars 2020 ne donne pas les coudées franches à l’administration et au parlement pour un lancement réussi du Programme national de développement (PND) post-Document de stratégie pour croissance et l’emploi (DSCE), dès le 1er janvier 2020.
« Des investitures au sein des partis politiques, en passant par la campagne électorale, le contentieux électoral et la proclamation des résultats, jusqu’à l’éventuel nouveau gouvernement attendu après les législatives, le pays sera dans un état de latence, voire de “suspension administrative”. Les parlementaires sortants n’ont plus le cœur à l’ouvrage pour un examen au fond du budget à eux soumis », écrit le directeur exécutif.
Pour le responsable du Camercap, il est recommandable que ce document du nouveau PND soit endossé par le parlement (Assemblée nationale et Sénat). Or dans le contexte actuel, la courante législature est en fin de mandat. Dans un autre contexte (régime politique parlementaire par exemple), indique-t-il, il aurait été plus avisé et politiquement correct et exigé de faire approuver et endosser le nouveau PND par la nouvelle législature qui sera mise en place dès mars 2020 selon le calendrier électoral publié.
De nombreux défis à relever
Sur un autre plan, souligne Barnabé Okouda, la mise en œuvre du DSCE a été quelque peu plombée par la juxtaposition des plans annexes et parallèles sans une véritable coordination technique ou administrative : Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance (Planut), Programme spécial jeunes, Coupe d’Afrique 2019/2021, etc.
Pour éviter de tomber dans les mêmes travers, indique-t-il, toutes ces déclinaisons évoquées devraient être des émanations du nouveau PND. Il en est ainsi du plan de reconstruction des 03 régions sinistrées du pays (Nord-Ouest, Sud-Ouest et Extrême-Nord), du statut spécial du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et du parachèvement de tous les plans annexes, projets et programmes en cours et non achevés dans le cadre du DSCE.
« Pour toutes ces raisons, nous en appelons à un bannissement de tout égo et tout ressentiment pour prendre le temps de tester et d’ajuster le message que l’on souhaite entendre perçu, en écho du PND post-DSCE. Cela prendrait une à deux années de transition. La vie ne s’arrêtera pas certes, mais ce temps sera mis à profit pour asseoir les bases d’une nouvelle gouvernance institutionnelle et organisationnelle, et d’une approche plus inclusive et mieux coordonnée de notre processus d’amorçage d’un décollage définitif et réussi vers l’émergence », conclut Barnabé Okouda.
Sylvain Andzongo (Investir au Cameroun)
Last modified: 6 novembre 2019