Les tensions sociopolitiques avec en première ligne la crise dans les régions anglophones et la menace terroriste à l’Extrême-Nord évoquées comme principales causes.
En fait de transition, le pays est sur le point de boucler le DSCE, phase première de la mise en œuvre de la Vision 2035, et de lancer la seconde phase. Initialement prévue pour 08 ans (2020-2027), elle est désormais calibrée sur 10 ans (2020-2030, selon les travaux en cours). Le passage de témoin doit être bien assuré, sans heurt, si on ne veut pas accuser un retard de trop dans la course (de relais) vers l’émergence.
Un autre élément de contexte, conjoncturel certes, justifiant cette idée de transition, est créé par la volonté politique exprimée par les autorités et la grande majorité des populations camerounaises de sortir de la crise socio-politique qui secoue le pays dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avec les conséquences socioéconomiques que l’on connaît. «La réconciliation sociale et politique, la reconstruction des régions sinistrées (y compris l’Extrême-Nord, grande victime des exactions de Boko Haram) ne sauraient se situer dans une mouvance classique et linéaire. Des mesures exceptionnelles devraient être convoquées et appliquées. Cela appelle à une démarche de rupture, d’où la transition !», explique le Directeur exécutif du Camercap-parc, Barnabé Okouda, dans une contribution épistolaire au titre évocateur : «Voici pourquoi un délai transitoire est nécessaire pour le lancement du Plan National de Développement couvrant la seconde phase de la Vision 2035».
Le grand Dialogue national (GDN) a suscité beaucoup d’espoir au sein de la communauté camerounaise et de ses partenaires. Afin de capitaliser cette confiance et la consolider, les dirigeants du pays (Président de la République et le gouvernement) se doivent de donner l’impression à la population que ses préoccupations sont entendues. «Cette perception est nécessaire et indispensable pour le rétablissement de la paix, condition essentielle de base pour retrouver tous les leviers de pilotage vers l’émergence visée en 2035», précise le Directeur exécutif du Camercap-parc. Non sans insister sur l’effectivité de la décentralisation accélérée et le statut spécial du NOSO, la reconstruction des 03 régions gravement sinistrées.
Sur un autre plan, le calendrier électoral annoncé sur la période allant du 11 novembre 2019 au 10 mars 2020 ne donne pas les coudées franches à l’administration et au Parlement pour un lancement réussi du PND post- DSCE dès le 01/01/2020. A la suite de la crise de devises qui a secoué la sous-région CEMAC en 2016, un programme économique de redressement des finances publiques de la zone a été conclu avec l’ensemble des pays.
Mais au vu des situations spécifiques, la mise en œuvre dudit programme a été différenciée. Pour le Cameroun, le programme approuvé par le FMI et les partenaires techniques et financiers associés (BM, BAD, UE et AFD) a été conçu sur la période 2018-2020, et l’instrument technique mobilisé est la Facilité Elargie de Crédit ( FEC). Les étapes restant à réaliser dans le chronogramme étant sur un chemin critique, il est fort recommandable de s’y consacrer entièrement pour éviter tout dérapage.
Arthur L MBYE (Repères n°786 mercredi 13 novembre 2019)
Last modified: 13 novembre 2019