Il est question, à l’issue de la session de la formation organisée du 5 au 6 octobre 2020 à Mbalmayo, de rendre une quinzaine d’hommes et femmes de médias plus aptes à traiter l’information statistique.
La statistique se trouve au début de toute stratégie. Or, constate l’Institut national de la statistique (INS), la disponibilité et l’accessibilité de l’information statistique n’assurent pas pour autant la compréhension et l’utilisation des données statistiques par leurs cibles finales.
Par exemple, relève Barnabé Okouda, chef de département de la coordination statistique de l’INS, « très peu de personnes savent lire un tableau statistique, y compris certaines appartenant à notre domaine ». La situation est plus complexe pour le commun des citoyens, d’autant plus que le journaliste qui relaie l’information statistique n’est pas toujours outillé.
Fort de ce constat, l’INS a organisé du 5 au 6 octobre 2020 à Mbalmayo une session de formation au profit d’une quinzaine de journalistes économiques de divers médias nationaux et internationaux. Cette formation porte sur des modules indicateurs macroéconomiques pour une meilleure information du public’’, ‘’comprendre et utiliser les enquêtes auprès des ménages’’ ou ‘’les statistiques d’entreprises comme outil d’aide au suivi de l’activité économique’’.
Les journalistes ont aussi eu droit à un exposé sur la loi du 20 juillet 2020 régissant l’activité statistique au Cameroun, qui remplace la toute première relative aux recensements et enquêtes statistiques qui datait du 16 décembre 1991. Son article 11 dispose : « L’intégrité des données des statistiques officielles doit être préservée. Toute manipulation à des fins illicite est interdite ».
En dépit de cette disposition, au sein de l’opinion on peine à admettre que l’INS puisse défier le gouvernement qui n’a pas toujours intérêt à ce que certains chiffres, notamment sur la pauvreté, soient diffusés en l’état. A l’INS, on assure que les statistiques n’ont jamais fait l’objet d’une manipulation. A ce sujet, on évoque par exemple les résultats de la toute première enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam) publiés en 1996. « Cette publication, qui indique que 51 % de Camerounais sont pauvres, intervient à la veille de l’élection présidentielle de 1997. Il n’est pas question de truquer ce chiffre pour les besoins de la campagne électorale. On opte plutôt pour l’élaboration d’une stratégie de communication qui place le prochain mandat du président de la République sortant, en cas de victoire, sous le signe de la réduction de la pauvreté », se souvient un cadre de la maison.
Il s’agit, à la fin, non seulement d’améliorer les compétences des journalistes dans l’utilisation des tableaux, graphiques et camemberts, la compréhension des chiffres ou des grandes enquêtes, mais aussi d’élaborer un manuel d’exploitation de l’information statistique à leur usage.
Dominique MBASSI
Repères N°905 du mercredi 7 octobre 2020
Last modified: 7 octobre 2020